- exécration
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• XIIIe; de execratio → exécrer1 ♦ Vx Imprécation, malédiction. « des exécrations horribles contre tous ceux qui entreprendraient de la rétablir [la royauté, à Rome] » (Bossuet).2 ♦ Littér. Haine violente pour ce qui est digne de malédiction. ⇒ abomination, aversion, dégoût, horreur, répulsion. « Je me sens contre elle [la Règle] une exécration qui m'emplit l'âme » (Flaubert). « la malheureuse Pompadour, vouée par sa fortune même à l'exécration de la foule et des historiens vertueux » (Henriot). — Avoir (qqn, qqch.) en exécration : exécrer.⊗ CONTR. Admiration, adoration, affection, amour, bénédiction.Synonymes :- aversion- détestation- haineexécrationn. f. Litt. Horreur extrême, dégoût, aversion. être voué à l'exécration des siens.⇒EXÉCRATION, subst. fém.A.— Littér. Violente imprécation. « Loin du camp » : c'est la formule d'exécration pour les lépreux, dans la Bible (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1473) :• 1. Qui prévoirait l'esprit français, les étranges bonds et écarts de sa mobilité, la manière dont ses exécrations et ses engouements, ses malédictions et ses bénédictions se transmuent sans raison apparente?CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 528.B.— Sentiment de répulsion, de haine, d'horreur vis-à-vis d'une personne ou d'une chose. Être en exécration de, vouer à l'exécration, avoir en exécration. La supériorité d'Israël dans l'art de manier l'argent lui vaut l'exécration de tous ceux qu'il pressure (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 180). Son amour se changea en haine, sa vénération en mépris. Il lui cria son exécration à la face et s'enfuit (FRANCE, Révolte anges, 1914, p. 135) :• 2. ... des Campaniens et des Grecs, par exécration de Carthage, avaient pris les enseignes de Rome.FLAUBERT, Salammbo, t. 2, 1863, p. 8.— P. méton. Personne ou chose qui inspire de l'exécration. Elle devint l'exécration publique (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 853).Rem. La plupart des dict. gén. enregistrent le sens, en théol. cath. : Perte des privilèges qui valent à quelqu'un ou à quelque chose une bénédiction ou une consécration.Prononc. et Orth. :[
] ou par emphase [-ks-]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. XIIIe s. « sentiment d'horreur extrême [pour ce qui est digne de malédiction] » (Bible, B.N. 901, f° 25e ds GDF. Compl.); 2. 1559 « malédiction [en cas de faux serment], imprécation » execrations horribles (AMYOT, Alexandre ds HUG.); 3. 1752 théol. « retour d'un objet consacré à l'état profane » (Trév.). Empr. au lat. class. ex(s)ecratio « serment [accompagné d'imprécations en cas de parjure], malédictions », est formé comme anton. de consecratio à partir du sens étymol. de exsecratio, exsecrari, v. exécrer. Fréq. abs. littér. :140. Bbg. QUEM. DDL t. 7.
exécration [ɛgzekʀɑsjɔ̃] n. f.ÉTYM. XIIIe; lat. execratio « serment, imprécation », du supin de execrari. → Exécrer.❖1 (1580, Montaigne). Vx. ⇒ Imprécation, malédiction. || Proférer des exécrations contre quelqu'un.1 (…) la royauté (à Rome) fut abolie avec des exécrations horribles contre tous ceux qui entreprendraient de la rétablir (…)Bossuet, Disc. sur l'Hist. universelle, III, VII.2 (1657, Pascal). Littér. Action d'exécrer, haine violente pour ce qui est digne de malédiction. ⇒ Abomination, aversion, dégoût, détestation, haine, horreur, répugnance, répulsion. || Vouer quelqu'un à l'exécration publique. || Cet acte lui valut l'exécration de tous. — En exécration : en horreur. || Avoir quelqu'un, quelque chose en exécration, l'exécrer. || Être en exécration à tout le monde.2 Tous les honnêtes gens de Neuchâtel, indignés des traitements que j'essuyais et des manœuvres dont j'étais la victime, avaient les ministres en exécration.Rousseau, les Confessions, XII.3 Cette tribu n'est donc pas couverte du sang du Juste, et ne mérite pas l'exécration soulevée par les juifs qui ont voté contre le Fils de Dieu.Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 119.4 La médiocrité chérit la Règle; moi je la hais. Je me sens contre elle et contre toute restriction, corporation, caste, hiérarchie, niveau, troupeau, une exécration qui m'emplit l'âme et c'est par ce côté-là peut-être que je comprends le martyre.Flaubert, Correspondance, 7 sept. 1853, t. III, p. 334.5 (…) la malheureuse Pompadour, vouée, par sa fortune même, à l'exécration de la foule et des historiens vertueux.Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 169.6 L'exécration qu'il vouait à Mlle Engoulevent le rendit d'une mauvaise foi parfaite. Comme elle protestait, en invoquant, par exemple, la beauté des images (il les avait trouvées belles lui aussi), il affirma qu'elles étaient hideuses (…)Jean-Louis Curtis, le Roseau pensant, p. 130.♦ (XIIIe). Par ext. Vx. Ce qui est en exécration. || Ce tyran est l'exécration du peuple tout entier.3 (1771, Trévoux). Théol. || L'exécration d'une église, son retour à l'état profane (par oppos. à consécration).REM. On rencontre chez Valéry la forme exsécration [ɛksekʀɑsjɔ̃] restituant le s étymologique de sacer.7 Vox. (…) le récit et ses modes. L'invocation, l'exsécration. L'interrogation. L'opinion.Valéry, Cahiers, vol. 7, 1918, in D. D. L., II, 7.❖CONTR. (Du sens 1.) Bénédiction. — (Du sens 2.) Admiration, adoration, affection, amour. — V. aussi Engouement (cit. 2).
Encyclopédie Universelle. 2012.